Culte de rentrée – remise de la Bible aux catéchumènes – baptême Ellie Colosi – Avec la participation de Martin Haessig et Frédéric Hautval, prédicateurs laïcs au service du Consistoire réformé de Mulhouse
Guebwiller 15 septembre 2024
« Il était une fois », c'est comme ça que commencent les histoires que l'on raconte aux enfants comme Ellie. Il était une fois une gentille princesse que des méchants avaient enfermé dans une tour, et il y avait un gentil chevalier qui a affronté les méchantes ronces et les méchants gardiens pour délivrer la gentille princesse. Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.
Quant on est un enfant comme Ellie, on aime les histoires comme Blanche-Neige, Cendrillon et toutes les autres parce qu'on y croit et l'intelligence de l'enfant est telle qu'il comprend que même si c'est une histoire inventée, elle raconte des choses qui sont vraies, utiles et importantes dans la vie et l'enfant sait qu'il aura besoin de ces choses pour comprendre le monde et y trouver sa place. Un enfant grandit avec des histoires. Et il arrive un jour où l'on cesse d'être un enfant. C'est triste ! Et en même temps c'est formidable parce qu'une vie entièrement nouvelle s'ouvre à nous ; une vie où on a de moins en moins besoin de demander à ses parents, où on est de plus en plus libre et de plus en plus responsable, jusqu'à devenir adulte et un jour plus lointain encore devenir sage.
Un enfant, ça pose des questions et aujourd'hui il arrive que certains pensent tout savoir, qu'ils ont tout compris de la vie et des choses, qu'ils n'ont plus besoin de poser des questions parce qu'ils ont les réponses déjà toutes faites. Or le chemin de la sagesse commence comme le fait ce maître de la loi, cet érudit, cet enseignant qui malgré toute sa connaissance n'hésite pas à poser des questions dont les réponses que lui fait Jésus soulèvent encore bien d'autres questions.
Martin : Justement, quand ce professeur demande à Jésus quel est le plus grand commandement, Jésus lui répond qu'il faut aimer Dieu de toute sa force, de toute sa pensée, de toute la force de sa personnalité, est-ce que ça veut dire qu'il faut s'oublier et renoncer à tout ce qu'on aime ?
Jésus lui répond qu'on ne peut pas aimer Dieu si on n'aime pas les autres humains. Tout simplement parce que Dieu on ne le voit pas, on ne peut pas savoir ce qui lui plaît, ce qui ne lui plaît pas, parce qu'il n'est pas là, à côté de nous pour nous dire ce qu'il veut ou ne veut pas. Et de même on ne peut pas savoir ce que veulent les autres humains parce qu'on ne les connaît pas. On n'en connaît que certains, nos parents, nos amis, ceux qu'on aime bien parce qu'ils nous racontent leur vie et qu'elle nous plaît. C'est quand les autres se racontent qu'on peut comprendre leur vie, leur manière d'être, de penser et d'agir. Pourquoi y-a-t-il, par exemple, des gens qui croient en Jésus et d'autres qui n'y croient pas ? Certains racontent qu'ils croient en lui parce qu'il est mort et ressuscité, d'autres parce qu'il a dit des choses très belles, d'autres enfin, et ce sont parfois les mêmes parce qu'il ne s'est pas contenté de dire qu'il fallait aimer les autres mais qu'il nous a aussi montré la manière pour les aimer de la meilleure manière possible, c'est-à-dire « comme nous-même nous aimerions être aimés et nous voulons être aimés tels que nous sommes avec nos qualités et nos défauts.
Frédéric : Tout ça, c'est bien beau mais c'est une jolie histoire pour les enfants moi je veux être grand, fort, beau et intelligent ; plus intelligent, plus fort et plus grand que les autres, à quoi ça me servirait de croire en Jésus et d'aimer mon prochain comme « moi-même » alors que je veux justement être plus fort que lui.
C'est exactement ce que veulent les tous petits enfants pour qui le monde et tout ce qui les entoure n'a d'importance que si c'est bon à manger, doux à toucher ou agréable à entendre. Et grandir, c'est découvrir qu'on n'est pas tout seul dans l'univers, qu'il y a des obstacles, qu'il y a des risques et des dangers, des choses belles et d'autres qui font peur et surtout qu'il y a d'autres enfants, des parents et des adultes, des gentils et des méchants. C'est ce que dit le proverbe : ne te confie pas en ton intelligence, ça ne veut pas dire qu'il faut devenir idiot ou complètement stupide, mais qu'il faut apprendre du contact des autres ; que le monde ne tourne pas autour de nous et de nos désirs. C'est cela grandir, entrer dans une logique de transformation permanente, d'apprentissage qui ne s'arrête jamais et dure jusqu'à l'ultime sagesse, celle du soir de la vie : aimer son prochain comme soi-même et ne pas se fier à son intelligence, c'est comprendre qu'on n'est jamais plus fort que quand on se met au service des autres. Grandir c'est apprendre à servir les autres.
Martin : Pourtant l'apôtre Paul dit bien qu'il faut se sacrifier et même « offrir son corps comme un sacrifice vivant agréable à Dieu », comment on fait pour se sacrifier et continuer à vivre ?
On change tout au long de la vie et le monde qui est autour de nous se charge de nous apprendre cette vérité. Une fois qu'on s'est cogné, qu'on est tombé, on se relève et on apprend à éviter la chute. Le problème c'est que parfois dans la vie, on ne se rend pas compte qu'on se cogne, ou plutôt qu'on est cogné parce que ça se fait « en douceur ». Nous subissons tous l'influence de notre environnement, quand il fait froid, même Ellie va vouloir un pull mais quand on grandit le froid s'installe parfois sans qu'on s'en rende compte parce que nous sommes tous sous influence : celle bienveillante de nos parents, de nos amis, celle qui peut être mauvaise de gens qui veulent se servir de nous, pour faire de nous des consommateurs, des partisans d'un parti ou d'une cause. Il y a des situations où on ne sait plus quoi faire et où on se dit qu'il vaux mieux faire avec pour être du bon côté, du côté des plus forts, des gagnants. On pense parfois qu'il vaut mieux être lâche plutôt que courageux, renoncer plutôt que d'affirmer ce que l'on veut ou ce en quoi on croit. Et Paul nous dit justement qu'il ne faut pas se résigner au monde tel qu'il va, c'est-à-dire mal ; qu'il ne faut pas être du côté de ceux qui renoncent à leur indépendance d'esprit, à leur liberté d'agir et de penser ; C'est être prêt à prendre des risques pour des choses plus importantes que nos petits besoins et nos petites idées. Plutôt qu'être un pion dans la vie, que l'on sacrifie pour des intérêts, un idiot dont on se sert, c'est devenir un individu libre et responsable, confiant en ce Dieu qui veut le meilleur pour nous.
Frédéric : C'est ça le « renouvellement de l'intelligence » ?
Exactement, l'apôtre parle de « transformation », autrement dit de métamorphose, comme la chenille qui devient papillon. Le début de la métamorphose ne se voit pas, c'est un processus très lent dont les effets ne se voient réellement qu'à l'éclosion du papillon. Pour Ellie, cette métamorphose a commencé aujourd'hui et elle va durer le temps qu'il vous faudra, chers parents pour l'élever et lui transmettre la capacité à dire elle-même oui à son baptême, d'en faire une réalité manifestée par ses actes et sa manière d'aimer Dieu et son prochain avec une même force, une même pensée et une même intelligence.
C'est aussi ce que nous allons essayer de faire durant ces deux années de catéchisme. Avec Thierry mais aussi avec l'ensemble de la communauté, nous serons à votre écoute pour vous entendre et apprendre de vous ce qui compte à vos yeux, ce qui a de l'importance pour vous. Nous ne ferons pas de vous de bons petits soldats ni de bons petits chrétiens bien sages et disciplinés, bien conformes à l'idée que le monde se fait de ce que sont les croyants. Albert Schweitzer dont vous entendrez parler bien souvent au courant de ces deux années affirmait avec l'apôtre Paul, « la primauté de l'intelligence dans l'expression de la foi », il ne peut y avoir de foi sans intelligence, sans connaissance.
Nous ferons appel à votre intelligence, avant toute chose, en vous donnant les clés pour comprendre le message contenu dans la Bible ; des repères pour y réfléchir et ensuite devenir capables par vous-mêmes non plus de rechercher ce qui est bon pour vous, ce qui vous est agréable ou parfait à vos yeux mais au contraire, privilégier ce qui est bon, agréable ou parfait aux yeux de Dieu, c'est-à-dire qui contribue à la transformation du monde. Vous serez, nous l'espérons, transformés, non par le monde qui voudra s'imposer à vous mais vous serez transformés par la Parole de Dieu et alors, plutôt que d'être changés par le monde, vous changerez le monde.
Roland Kauffmann
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